• 2 jours sur l'Ognon

    Malgré la pluie (et la neige vers 1200 m) de ces derniers jours, il n'y a pas beaucoup d'eau dans nos rivières en ce début juin: Les Usses sont encore navigable, mais sur le graphique, le niveau baisse d'heure en heure ! Dans le Jura, la Loue est en dessous des 4 m3/s et la navigation est limitée à quelques petits tronçons. On dirait que l'Ognon à l'air de se maintenir à un niveau acceptable: 50 cm d'eau et 3 m3/s à Bonnal. C'est une rivière facile, de classe 1, et indiquée sur la carte comme un parcours présentant des qualités naturelles et touristiques remarquables. Sur le site "Allonzalaventure" elle est décrite comme une rivière "au cours extrêmement calme" Il y a 160 km de Villersexel jusqu'à l'embouchure avec la Saône, nous ferons une simple reconnaissance du début du parcours. Pas d'hésitations, c'est parti.

     

    Jeudi après-midi, voiture chargée, cap au Nord: Genève (où l'on tourne en rond pendant une petite heure) puis le col de la Faucille, la longue ligne droite de la vallée de l'Orbe qui nous ramène en Suisse à Bois d'Amont, puis Métabief (1 fruitière à Comté tous les 5 km !!), la Cluse et Mijoux (une invitation à venir déguster une Vendange Tardive ou un Bardouin au 1er qui me trouve pourquoi TOUT LE MONDE a entendu parler de la Cluse et Mijoux !!!), puis étape à Pontarlier pour déguster une saucisse de Morteau, on franchit le Doubs à Baume les Dames et on plante la tente un peu plus loin, dans un pré, juste après avoir apperçu un sanglier en train de gambader à quelques mètres du chemin !!

    Vendredi 3 juin: à 10h30, nous embarquons à la sortie de Villersexel, avec tout le barda dans le canoë: tente, duvets, matelas, réchaud, popotes, nourriture, vêtements de rechange, croquettes pour la truffe ...

    Le cadre est campagnard, la navigation est vraiment tranquille, il n'y a quasiment pas de courant et juste assez d'eau. On doit quelquefois descendre pour tirer le bateau mais cela reste assez rare. les barrages se franchissent très facilement, par une glissière. Vu le faible niveau d'eau, il n'y a aucun rappel. Jusqu'à Bonnal, nous sommes accompagnés par quelques vacanciers qui ont loué des bateaux à la base nautique, et notamment un groupe de jeunes allemands un peu chahuteurs. Après Bonnal nous ne verrons passer que 3 kayakistes qui camperont à Montagney. En fait, les loueurs ne dépassent pas Bonnal car un peu plus loin, à hauteur de Tressandans, il y a un barrage qui nécessite un petit portage: il faut décharger le bateau, tout porter environ 15 ou 20 mètres plus loin, et recharger le bateau. Bien sûr pour cette opération, on attache la Truffe à un arbre, et elle ne cesse d'aboyer !!

    On franchit encore un petit barrage avant Montferney, où le manque d'eau m'oblige à descendre pour tirer le bateau. Après la pause-biscuits de 17h, Véronique commence fatiguer sévèrement et on accoste pour planter la tente dans un magnifique pré tout plat !

    Samedi 4 juin: Pendant le petit déjeuner, la Truffe qui a du flairer la présence d'un animal dans le bois tout proche, nous gratifie d'un concert d'aboiements: pendant 10 minutes, elle module toutes sortes de jappements et de gémissement pour nous supplier de la détacher, mais rien n'y fait. Notre indifférence a finalement raison de son excitation et elle se résoud à se recoucher ! Nous plions la tente et à 9h30 nous sommes sur l'eau, dans un calme olympien, il n'y a pas un souffle d'air, l'eau est absolument lisse, seul le chant des oiseaux nous accompagne: "ça pioupioute à tue-tête" !!!

    Nous effectuons un nouveau petit portage peu après le camping de Montagney-Servigney, pour franchir un barrage de près de 2 m de haut, sans glissière. 

    Tout est donc absolument calme, jusqu'au moment où nous croisons un cygne, apparemment solitaire, en train de nager dans ce qui ressemble à un petit bras mort. Nous en avions déjà croisé la veille, des couples avec des petits, et nous avions toujours fait très attention à passer le plus au large possible. Nous savons que ces bêtes là peuvent se montrer aggessives. Nous passons donc devant ce bras mort à bonne distance et nous en sommes déjà éloignés de quelques 150 à 200 mètres quand nous entendons de grands battements d'ailes derrière nous: le cygne a quitté son bras mort et fonce droit sur nous en volant au ras de l'eau, il amerrit 20 à 30 mètres derrière nous et nage maintenant à toute allure, toujours dans notre direction. Son poitrail soulève de belles vagues "d'étrave" à chaque coup de pattes, il est certain qu'il va plus vite que nous et qu'il nous aura bientôt rattrapé: en effet, les longues algues qui flottent à la surface de l'eau nous freinent considérablement. Il me semble que je l'entend émettre un sorte de sifflement. En tous cas, je ne suis pas le seul à percevoir la manoeuvre d'intimidation: la Truffe commence à grogner. Véronique arrête de pagayer pour tenir Endy. Je lui dit de ne surtout pas lacher sa pagaie et de se tenir prête, vu que c'est elle qui est à l'arrière !!! Heureusement, le grondement sourd de la Truffe a suffit à calmer les ardeurs du cygne: il a fait demi-tour à quelques encablures seulement, avant de se dresser tout de même en étirant son long coup et en agitant ses ailes, histoire de bien nous montrer que cette portion de rivière lui appartient !!

     A midi, nous arrivons au moulin de Montroz où nous attend une "double glissière": une 1ère assez tranquille et facile, suivie 15 mètres après par une 2nde assez longue et surtout plus pentue, où visiblement l'eau descend très vite. Véronique et moi observons le passage depuis la rive: nous ne voyons ni rappel, ni rocher, ça doit passer facilement, et sans risque. Je décide quand même de décharger quelques sacs et Endy, qui nous attendra sur la berge ! Nous embarquons avec une petite tension, des fourmis dans les mains, et les mots échangés sont brefs: Véronique a remarqué que j'ai parfois tendance à confondre ma gauche et ma droite donc on se met d'accord pour "moulin = droite" et "Truffe = gauche" car le moulin est sur la rive droite et la Truffe est attachée à un arbre au bord de l'eau, en rive gauche. On s'engage dans la 1ère glissière qui se passe très facilement, à la sortie Véronique négocie comme une pro le virage à droite assez serré pour aller se mettre dans l'axe de la glissière suivante (précision: Véronique pagaie à droite et moi à gauche). Nous n'avons aucun mal à repérer l'entrée de le 2ème glissière: la voie d'eau est évidente, entre les fleurs blanches. Au milieu de la glissière l'accélération est grisante, et à la sortie, la vague est rafraichissante pour moi qui suis assis à l'avant !! Un joli demi-tour dans le contre-courant nous permet d'apprécier l'obstacle ! La Truffe nous appelle, en quelques coups de rame bien appuyés, nous sommes sur la berge, je hisse le bateau, on sort le pain et le fromage ...

    Appels, contre-appel, appui sur l'eau, ces techniques ne sont pas encore exécutés parfaitement mais on commence à les assimiler et à se faire plaisir. Visiblement, regarder les vidéos de Bill Mason nous a fait le plus grand bien, même si nous venons de nous rendre compte que Véronique a fait tous ces "cols de cygne" à l'envers !!! 

    Nous repartons sous un soleil de plomb, après avoir trempé nos chapeaux dans la rivière et copieusement arrosé la truffe. La rivière fait un virage à presque 180° pour "remonter" en direction de Thiénans et Montbozon. Nous appercevons une bestiole qui nage dans l'ombre près de la rive. Castor ou rat musqué ?? A Montbozon, des vaches paissent au bord de l'eau. Il y a un camping, et Véronique commence à avoir envie d'une douche. On s'arrête pour refaire le plein en eau, mais c'est un petit village de campagne et tout est fermé. Heureusement, une habitante dont le chien était sorti en trombe pour dire bonjour à la Truffe nous offre gentiment une bouteille d'eau fraiche.

    Nous repartons, mais pas pour longtemps: il commence à pleuvoir et au loin le tonnerre gronde. On débarque. La météo s'annonce pluvieuse pour le lendemain. Je pars chercher la voiture tandis que Véronique range le matériel et dégonfle le bateau. Un grand merci à l'ancien kayakiste qui m'a pris en stop car sur cette petite route il ne passait pas beaucoup de voitures. Par la route, il y a 20 km entre Montbozon et Villersexel, sans doute un peu plus par la rivière. On y retournera certainement, pour finir cette descente.

    Vous pouvez voir quelques unes de mes photos + celles prises par d'autres personnes, au fil de la rivière, conjuguée avec une vue par satellite, sur le site de Panoramio.

    Le classique album Picasa Web.

    Et le Diaporama.

     


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :