• Bivouac au Signal Sup. des Charmoz

    Le Montenvers sans la foule ? Facile: il suffit de monter par le dernier train, à 17h.

     

    Devant l'hotel du Montenvers, je croise les derniers touristes, visiblement affolés et au sprint pour attraper le dernier train, puis plus personne, la montagne est à moi. J'arrive rapidement au Signal Forbes, puis je continue à l'ombre, par les pentes du versant Est. Dimanche dernier j'étais monté en suivant l'arête mais aujourd'hui j'ai trouvé quelques cairns et une petite sente dont je me demande si ce ne serait pas un des chemins d'accès aux voies d'escalade de l'Aiguille de l'M, ou de l'Aiguille de la République. Il est bien balisé et assez évident. J'ai envie de suivre ce chemin, mais j'ai prévu de bivouaquer au Signal Supérieur des Charmoz, il me faut donc grimper la pente sur ma droite. Au sommet (2470 m), le panorama est époustouflant et la lumière du soir captivante. J'en oublie presque de manger. La solitude en montagne est très agréable mais ce n'est pas facile de photographier dans tous les azimuts tout en surveillant la popote pour que la soupe ne déborde pas ou que les céréales méditéranéennes ne soient pas carbonisées ! Aujourd'hui c'est la St Jean et des feux sont allumés sur les montagnes des environs. Un feu d'artifice est même tiré depuis le Montenvers. Je ne le vois pas car il est masqué par une antécime et je n'ai pas voulu déplacer le trépied ! Par contre je l'entend ! Le bruit des détonations est porté par le vent jusqu'au cirque formé par le glacier du Nant Blanc, au pied des faces Nord de la verte et des Drus. Il s'amplifie avant d'être renvoyé en écho dans ma direction. J'ai l'impression qu'un orage permanent gronde dans la montagne. Ce spectacle me tient éveillé jusqu'à 23h. J'avais déjà repéré un ou deux endroits à peu près plats qui pourraient convenir pour installer un couchage décent mais rapidement il devient évident que la moindre petite pente fait glisser le duvet sur le matelas qui glisse lui-même sur le tapis de sol. Je dois donc sortir du chaud duvet pour déplacer mon "lit" de quelques mètres, près d'un rocher où je serai bien calé. Sans lunettes et en chaussettes (chaussures et lunettes sont bien rangées dans le sac), l'opération est périlleuse, et certainement un peu cocace aussi mais il n'y a aucun spectateur !!

    A cette époque de l'année, le soleil se lève tôt, je me lève donc TRES tôt: à 3h45. Première photo à 4h du matin. Oui, photographier la petite lumière des lampes frontales qui grimpent dans le couloir en Y de l'Aiguille Verte, ça n'a aucun prix ! Oui je sais, vous vous dîtes que je n'ai pas toute ma tête, que je suis un peu maboule, ma mère se demande ce qu'elle a pu louper dans mon éducation pour avoir un fils pareil !

    Bref, vous connaissez la suite: des dizaines de photos, un mitraillage en règle de toutes les montagnes du secteur, du grand angle au zoom maxi, magie du lever de soleil, petit déjeuner avec la tasse de thé dans la main gauche et l'appareil photo dans la droite ... la routine quoi !

    A 6h30 fin du spectacle, départ à 7h, direction le col Blanc, à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau. Le plus direct serait de suivre les frêtes des Charmoz, mais l'arête est trop effilée pour moi. Je dois donc descendre un peu, soit par le versant Est où la veille j'ai constaté la présence d'un sentier, facilement accessible en 5 minutes. Oui mais voilà, ce sentier conduit-il bien au col Blanc ? J'en ai parcouru un petit morceau hier mais pas suffisament pour être sûr qu'il me mènera jusqu'au col et il ne figure pas sur la carte. Autre option: sur le versant Ouest c'est l'inverse: je sais qu'il y a un bon sentier jusqu'au col, mais pour atteindre ce sentier, je dois descendre une pente d'herbe un tantinet hasardeuse, que je ne vois pas en totalité, car après 50 m, la pente plonge. Je supecte la présence de pentes rocheuses raides ! Mais j'ai vraiment envie d'aller au col Blanc, donc je choisis le versant Ouest. Certes c'est plutôt pentu, certes, il y a bien un peu de rocher par ci par là, mais ça passe bien. En skis et avec un peu de neige ce serait tip top, la pente serait avalée en 5 minutes ! A pied, j'ai mis 45 minutes pour récupérer le sentier vers 2200 m d'altitude. Le col Blanc est à 2600 m, j'y suis à 9h. Je repère un splendide emplacement de bivouac, délimité par un muret de pierres. Deux alpinistes m'ont précédé, ils s'échauffent puis s'encordent avant d'escalader l'arête NNE de l'Aiguille de l'M. Ils sont suivis d'une cordée de 3. Je fais quelques photos et je repars. La descente sur ce sentier morainique très glissant me semble interminable, jusqu'au chemin du Grand Balcon. Là, la solitude est terminée, la meute est lâchée ! D'un côté la benne de l'aiguille du Midi, de l'autre le train du Montenvers, on se croirait sur le périph' à l'heure de pointe !! Il y a de tout, de 7 à 77 ans, du joggeur en baskets au randonneur en grosses chaussures de cuir, beaucoup arborent de splendides reflex, en plein midi, un 26 juin !!! Je presse le pas mais j'ai mal évalué la distance qui me sépare du Plan de l'Aiguille: je suis à l'aplomb du glacier des Nantillons, et il me faut longer toutes les aiguilles de Chamonix: Blaitière, l'Aig. du Plan, puis la longue arête Midi-Plan, 2 km sous un soleil de plomb avec un gros sac à dos ! Soudain j'entends des flonflons. Mille mètres plus bas, à Chamonix, c'est le festival des Harmonies, et Véronique, avec l'Harmonie de Passy, défile et joue la Marseillaise, les Allobroges ... Dans la benne, les gens se penchent à la fenêtre pour photographier ... les câbles du téléphérique qui seront forcément au 1er plan ! D'autres dingues !

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